-
L'écureuil, le loir et le bas nylon
L’écureuil, le loir et le bas nylon.
Au fond d’un vieux grenier, un écureuil dormait,
Juste à côté d’un loir au pelage grisâtre
Qui s’était endormi à la fin de l’été
Et attendait avril pour faire le bellâtre.
A la dame des lieux, le loir avait chipé,
Un bas nylon doré qui lui servait de lit,
De couverture aussi et encore d’oreiller.
Ainsi, il hibernait comme dans un vrai nid.
Le collant enroulé tout autour du lérot
Ressemblait identique, pareil à s’y méprendre,
A la queue de son pote comme deux gouttes d’eau
Et même la couleur avait de quoi surprendre.
Un beau jour, l’écureuil, par la faim, réveillé,
Dans les combles, marchât et fît un tintamarre.
Le mari de la dame, par les bruits, étonné
Aspirateur en main, montât voir les lascars.
Décidé à punir, il aspira gaiement
L’appendice final du gros écureuil roux,
Mais l’agile animal eut à peine le temps,
De sauter loin devant pour éviter le trou.
Enlisé dans ses songes, le loir imaginait,
La femme de sa vie avec des bas nylon
Il rêvait du printemps et d’une bien-aimée,
Et auprès de laquelle, jouait les Apollons.
Soudain, il fut surpris et sentit qu’il partait,
Non pas dans un fantasme où faire le gigolo,
Il eut juste le temps de quitter son meublé,
Laissant le bas nylon s’enfuir dans un goulot.
Anxieux et agité, encore sous le choc,
Le loir s’était tapi au creux de son ami.
La crainte et la frayeur l’avait rendu moins coq,
Il trouva dans les poils une vraie accalmie.
L’écureuil et le loir s’endormirent de concert,
Réfugiés l’un dans l’autre, il formait un maillon.
Au fond du vieux grenier, ils passèrent l’hiver,
Rêvant de glands, de noix mais pas de bas nylon.
Tags : ecureuil, loir, bas nylon, poème, gilbert jullien
-
Commentaires